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Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/167

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MIRABEAU.

allant droit à ses adversaires, sur de lui-même et se montrant bien en face : « Voici, messieurs, l’amendement que je vous propose : c’est de borner l’exclusion à monsieur de Mirabeau, député des communes de la sénéchaussée d’Aix ! »

« La loi fut portée, dit M. de Lamartine, Mirabeau ne fut pas ministre, et la France fut privée des services réparateurs du plus grand génie politique que les temps modernes aient enfanté. »

Qui ne connaît le discours et la réplique sur l’exercice du droit de paix et de guerre, cette action oratoire mémorable qui, pendant deux jours tout entiers, malgré les agitations du dedans et les clameurs du dehors, tint l’Assemblée sous le joug de cette irréfutable éloquence ?

Par l’importance du sujet, par l’ampleur du développement, c’est peut-être l’œuvre la plus considérable que Mirabeau ait portée à la tribune. On y trouve un traité superbe de philosophie politique ; l’exposé le plus saisissant du rôle que, vis-à-vis de l’étranger, la nation doit laisser à son souverain ; enfin la revendication énergique de la liberté, du droit et du pouvoir qui, en ces rencontres décisives, appartiennent au Roi et ne peuvent appartenir qu’à lui seul.

Vainement, avec un art infini, Barnave s’efforce de disjoindre ces raisonnements serrés et rivés l’un à l’autre dans une trame impénétrable ; vainement, il tâte les joints et cherche le défaut de l’armure. La réplique de Mirabeau met toutes ces habiletés en