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CHAPITRE VI

Tandis que les républicains et les démocrates accusaient Mirabeau de trahir le peuple, le parti de la cour l’accusait de perdre le Roi, et de précipiter de tout son poids la chute de la royauté.

Depuis vingt ans, ses livres, ses discours, ses actions désordonnées, sa vie tout entière, n’étaient-ils pas une insurrection permanente contre tous les principes et toutes les lois, contre les traditions et les conventions séculaires sur lesquelles reposent, en France, l’ordre social et la monarchie ?

Depuis qu’il est entré dans la vie publique et s’est fait un personnage, ne l’entend-on pas chaque jour, dans ses harangues véhémentes, exalter l’indépendance du citoyen, la toute-puissance du peuple, la souveraineté de l’Assemblée ; cachant mal ses desseins sous des artifices inutiles, et dépouillant peu à peu la royauté de tout son prestige en lui arrachant l’un après l’autre tous ses pouvoirs ?