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Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/182

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MIRABEAU.

crates qu’ait touchés le souffle des idées nouvelles, qui aient signalé les abus de l’ancien régime, les dangers qu’ils faisaient courir à la monarchie, et les réformes nécessaires qui pouvaient conjurer sa ruine.

Bien avant la convocation des États généraux, le duc de Lauzun, l’abbé de Périgord et bien d’autres étaient les confidents, les familiers, les correspondants politiques de Mirabeau. Ils sont, jusqu’à la fin, restés ses amis ; et sur son lit de mort, c’est l’évêque d’Autun qu’il a chargé de lire à la tribune son dernier discours.

Le 4 mai 1789, c’est un Montmorency qui, le premier, proposait l’abolition des privilèges.

Huit jours avant la prise de la Bastille, dans la députation qui allait imposer au Roi le renvoi des troupes, on pouvait voir le duc de la Rochefoucauld et le duc de Clermont-Tonnerre marcher coude à coude avec Robespierre, Buzot et Péthion. Enfin, après le 6 octobre, au Palais-Royal et au Luxembourg, deux princes du sang laissaient discuter devant eux la vacance du trône et les chances redoutables qui pouvaient les y appeler l’un ou l’autre?.

Dirai-je que Mirabeau ne se trompa jamais ; qu’il fut toujours clairvoyant et sage ; qu’il n’a point hâté, par la violence de ses discours, des catastrophes que peut-être il aurait pu prévenir ? Non pas ; mais pour juger les hommes de ce temps, surtout les hommes de cette taille, il faut se bien représenter le monde dans lequel ils ont vécu : il faut recon-