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Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/199

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MIRABEAU.

chef militaire plus résolu que leur général. « Ce pays périrait tout entier, que je serais encore le défenseur de la reine et du Roi…. »

Mais, à l’épreuve, cet échafaudage mal bâti allait recevoir des chocs redoutables. L’alliance conclue, les embarras, les mécomptes, les regrets, les reproches ne se firent pas attendre. Mirabeau avait sa manière à lui de défendre la royauté, qui n’était peut-être pas la plus mauvaise, mais qui n’était pas celle de ses clients. Il s’agissait, pour lui, de faire entrer le Roi dans la Révolution, et la Révolution dans la monarchie ; d’éloigner du prince les ministres incapables et les courtisans ineptes qui le perdaient, « de le désentourer de traîtres » ; de prendre avec audace la tête du mouvement, et de mener la Révolution, au lieu de se laisser traîner à sa suite.

Partant de là, il n’avait rien à changer dans sa conduite, et il n’y changea rien en effet ; ce qu’il était la veille, il le fut le lendemain ; et ce n’est pas le côté le moins curieux de cette histoire. Que l’on compare les dates. Que l’on rapproche les discours prononcés avant le traité fait avec la cour et ceux qui l’ont suivi. On ne trouvera entre eux aucune différence. Il n’est pas devenu, il ne pouvait pas devenir plus royaliste, défenseur plus éloquent des principes fondamentaux de la monarchie ; mais il n’est pas devenu non plus patriote moins ardent, champion moins emporté des droits du peuple, promoteur moins imprudent des orages populaires.

C’est au moment même où il négociait avec la cour