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Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/203

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MIRABEAU.

rité, de sa puissance, des applaudissements de la foule, de ces triomphes de la parole qui l’enivrent ; ne laisser à personne l’empire de l’éloquence, conquis au prix de tant d’efforts, c’est là un des mobiles avoués de sa conduite ondoyante ; un des agents de sa politique ambiguë ; un des rouages de cette machine compliquée qui semble échapper sans cesse à la volonté qui la dirige.

Ce qu’il veut fortement, en effet, à travers les tâtonnements de son ambition, c’est devenir ministre en restant député. Pour y parvenir, on fera rapporter par l’Assemblée le décret qui lui fait obstacle. Si on échoue, on brisera l’Assemblée. Il confie au comte de Lamarck ce rêve impossible. Il s’essaie au ministère. Il se nomme ministre. Il désigne ses collègues. Il distribue les portefeuilles de ce cabinet imaginaire. Il y fait entrer d’abord le comte de Provence ; à son défaut, M. Necker comme premier ministre, « parce qu’il faut le rendre aussi impuissant qu’il est incapable, et cependant conserver sa popularité au Roi ;

« L’archevêque de Bordeaux, chancelier, choisissant avec grand soin ses rédacteurs ;

« Le duc de Liancourt à la guerre, parce qu’il a de l’honneur, de la fermeté, et de l’affection personnelle pour le Roi, ce qui lui donnera de la sécurité ;

« Le duc de la Rochefoucauld, maison du Roi, ville de Paris (Thouret avec lui) ;

« Le comte de Lamarck à la marine, parce qu’il ne