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Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/229

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MIRABEAU.

ments généreux ; d’avoir, en dépit de toutes les résistances et au mépris de toutes les menaces, plaidé hardiment les grandes causes dont les vœux de tout un peuple et la philosophie de tout un siècle avaient remis entre ses mains la défense.

Aucun nom ne marque mieux que le sien, dans cette fin de siècle tragique, la limite qui sépare le temps où il a vécu des années effroyables qui l’allaient suivre. Vainement tenterait-on d’enchaîner ensemble ces deux époques et de les river l’une à l’autre. Les choses humaines ont rarement cette unité symétrique et tranchante que nos passions, notre orgueil ou nos intérêts d’un jour leur voudraient donner. « L’histoire date ses justices », a dit Michelet. Jamais, malgré toutes leurs fautes, elle ne confondra les rêveurs courageux, les révoltés éloquents de la Constituante, avec les furieux du 10 Août, les égorgeurs de Septembre et les bourreaux de la Terreur. Jamais elle n’accouplera, dans ses sentences, le nom de Mirabeau avec les noms sinistres de Danton, de Robespierre et de Marat. « L’histoire date ses justices !… »


FIN