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Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/85

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MIRABEAU.

lutte ; pour les combattre, l’Angleterre embauchait partout des soldats ; et le landgrave de Hesse lui avait promis, moyennant finance, six cents de ses sujets : « Vous êtes vendus, s’écrie Mirabeau, et pour quel usage, justes dieux !… Pour attaquer des peuples qui vous donnent le plus noble des exemples. Eh ! que ne les imitez-vous ? Les hommes passent avant les princes,… n’oubliez pas que tous ne furent pas faits pour un ; que celui qui commande un crime ne doit pas être obéi ; et que votre conscience est le premier de vos chefs !… »

C’est aux Hessois que Mirabeau adresse cet avis mais chacun, en France, le pouvait entendre…. Jamais on n’avait porté jusque-là l’audace de parler et d’écrire. Et si l’on veut savoir quel accueil trouvaient ces idées dans les classes les plus proches du trône, on peut mettre à côté de cette harangue enflammée les simples lignes que l’Ami des hommes écrivait quelques années plus tard au marquis de Longo : « La lâtrie est d’instinct pour l’homme, et surtout pour le peuple germain, comme la domesticité pour le chien. Le landgrave de Hesse ayant vendu ses troupes aux Anglais, fut obligé de les aller embarquer lui-même. Ces colosses se soulevaient, presque à chaque départ, contre leurs officiers. Et sitôt que le petit singe paraissait, tout cela se prosternait en bataille…. » Voilà un mot qui en dit plus que bien des discours.

À tous les travaux qu’il entreprit en Hollande, Mirabeau ajoutait, il faut bien le dire, une moins