Page:Rousseau - Œuvres complètes (éd. Dupont), tome 2, Discours, 1824.djvu/258

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l’honneur de leur religion, mais pour celui de leur philosophie. Ce mot de sociniens ne doit pas vous effrayer : mon dessein n’a point été de donner un nom de parti à des hommes dont j’ai d’ailleurs fait un juste éloge ; mais d’exposer par un seul mot ce que j’ai cru être leur doctrine, et ce qui sera infailliblement dans quelques années leur doctrine publique. À l’égard de leur profession de foi, je me borne à vous y renvoyer et à vous en faire juge ; vous avouez que vous ne l’avez pas lue, c’était peut-être le moyen le plus sûr d’en être aussi satisfait que vous me le paraissez. Ne prenez point cette invitation pour un trait de satire contre vos ministres ; eux-mêmes ne doivent pas s’en offenser ; en matière de profession de foi, il est permis à un catholique de se montrer difficile, sans que des chrétiens d’une communion contraire puissent légitimement en être blessés. L’Église romaine a un langage consacré sur la divinité du Verbe, et nous oblige à regarder impitoyablement comme ariens tous ceux qui n’emploient pas ce langage. Vos pasteurs diront qu’ils ne reconnaissent pas l’Église romaine pour leur juge, mais ils souffriront apparemment que je la regarde comme le mien. Par cet accommodement nous serons réconciliés les uns avec les autres, et j’aurai dit vrai sans les offenser. Ce qui m’étonne, monsieur, c’est que des hommes qui se donnent pour zélés défenseurs des vérités de la religion catholique, qui voient souvent l’impiété et le scandale où il n’y en a pas même l’apparence, qui se piquent sur ces matières d’entendre