Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/152

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corvées, ni aucune sorte de travail forcé, pour un bien absolu ; il serait mieux que tout cela se fît librement, et en payant, si les moyens de payer n’introduisaient une infinité d’abus sans mesure, et de maux plus grands, plus illimités que ceux qui peuvent résulter de celle contrainte, surtout quand ceux qui l’imposent sont du même état que ceux qui sont imposés.


Car, quand il n’y aura qu’une sorte de revenu, savoir les fruits de la terre, il n’y aura non plus qu’une sorte de biens, savoir la terre même.


Car le véritable esprit de la propriété publique est que la propriété particulière soit très-forte dans la lignée, et très-faible ou nulle dans les collatéraux.


Et hausser le taux pour mettre la denrée en crédit, et la monnaie en décri.


Les Corses sont presque encore dans l’état naturel et sain mais il faut beaucoup d’art pour les y maintenir parce que leurs préjugés les en éloignent : ils ont précisément ce qui leur convient, mais ils veulent ce qui ne leur est pas bon. Leurs sentiments sont droits, ce sont leurs fausses lumières qui les trompent, ils voient le faux éclat des nations voisines et brûlent d’être comme elles, parce qu’ils ne sentent pas leur misère et ne voient pas qu’ils sont infiniment mieux.