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DE SPHÈRE. 199

tendue que mes yeux peuvent en découvrir tout autour de moi. Chaque homme a ainsi son cercle particulier ou horizon dont il est le centre. Mais pour se borner à ce qui est sensible, on ne prend pas ainsi les choses à la rigueur, et comme à un si grand cercle on peut donner un grand centre, on suppose un même horizon pour tout un pays. Car par exemple Trye ou Paris peuvent, sans erreur sensible, être pris pour un même centre, quand il s agit d’un cercle de neuf mille lieues de tour.

Notre horizon partage ainsi le monde en deux moitiés, dont l'une est soumise à notre vue et dont l’autre lui est cachée. Tant que le soleil dans sa marche diurne est au- dessus de notre horizon il est jour pour nous, quand il est au-dessous il est nuit, et l'instant où il atteint l’horizon est celui de son lever ou de son coucher. La marche diurne du soleil est un cercle : l’horizon est un autre cercle qui coupe le premier, et c’est la manière dont ces deux cercles s’entrecoupent qui rend les jours grands ou petits, les nuits courtes ou longues, et les uns et les autres égaux ou inégaux.

On ne peut bien voir ces diverses intersections de cercle que dans une sphère, mais voici le résultat de cette inspection.

Les gens qui sont sous l’équateur ont toute l’année les jours égaux entre eux et égaux aux nuits, par conséquent toujours de douze heures. Pourquoi cela ? parce que dans ce climat là, durant toute l’année, l’horizon coupe le cercle journalier du soleil en deux parties égales ; d’où il suit que le soleil qui décrit ce cercle reste autant de temps au-dessus de l’horizon qu’au-dessous.

Sous les deux pôles, au contraire, il n’y a dans toute