Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/277

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DES INSTITUTIONS POLITIQUES. 251

au lieu que les misérables ne peuvait que gagner aux rè- Yolutions«

Les devoirs de rhomme^dans l’état de nature, sont tou-’ jours subordonnés au soin de sa propre conservation, qui est le plus saint et le plus fort de tous.

La puissance d’un peuple sert plutôt à montrer qu’il est en état de s’étendre ou de se maintenir comme il est qu’à prouver qu’en effet il est bien.

DE LA RICHESSE

Dans tout pays où le luxe et la corruption ne régnent pas, le témoignage public de la vertu d’un homme est le plus doux prix qu’il en puisse recevoir, et toute bonne ac- tion n’a besoin pour sa récompense que d’être dénoncée publiquement comme telle. Voilà une source d’intérêt plus sûre et moins dangereuse que les trésors, car la gloire d’a- voir bien fait n’est pas sujette aux mêmes inconvénients que celle d’être riche, et dcmne une satisfaction beaucoup plus vive à ceux qui ont appris à la goûter. De quoi s’agit- il donc pour exciter les hommes à la vertu ? de leur ap- prendre à la trouver belle et à estimer ceux qui la prati- quent. Un avantage très-considérable pour un État ainsi constitué, c’est que les malintentionnés n’y ont aucun pou- voir pour exécuter leurs mauvais desseins, et que le vice n’y peut faire aucune espèce de fortune. Je ne désespère pas d’entendre quelque philosophe moderne en dire un