Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/351

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AVIS DE L’ÉDITEUR

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Le morceau suivant, quelque insignifiant qu’il puisse paraître au premier abord, offre cependant un intérêt historique tout particulier. En le lisant attentivement, on y reconnaît sans peine une espèce de discours ou de courte allocution, que Rousseau a dû prononcer avant la lecture qu'il fit des Confessions. Dans cette pièce il explique, en peu de mots, les motifs qu’il avait de faire connaître ses mémoires aux personnes qui s’étaient rassemblées pour les entendre lire. Le dernier paragraphe, ou il prie, d’une manière fort délicate, les dames présentes de ne pas se scandaliser à certains passages scabreux du récit de sa vie, ne laisse point de doute sur la nature de cet écrit.

Cette pièce a donc cela de curieux qu’elle fut rédigée par Jean-Jacques pour une occasion presque unique ; peut-être même avait-il l’intention de l’apprendre par cœur, afin de la débiter devant son auditoire, car on sait combien ce grand homme, toujours intimidé lorsqu’il parlait, se trouvait embarrassé quand il s’agissait d’improviser quelques mots en public. Ce fut depuis le retour définitif du philosophe à Paris, en 1770, qu’eurent lieu les trois seules lectures des Confessions ; personne n’ignore que madame d'Épinay, se voyant par ce fait gravement compromise, obtint de M. de Sartines de les faire cesser, et qu’un ordre supérieur en défendit la continuation.