Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/426

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400 LETTRES INÉDITES.

Mais il y a dans ce projet quelque chose de craintif qui me répugne. D’ailleurs, il a bien ses difficultés aussi, sans compter qu’en changeant de nom il faut changer d’habil- lement, et le mien* m’est si commode, qu’il m’en coûtera beaucoup d’y renoncer. Quand cesserai-je, prince, de vous parler de moi ? quand reparlerons-nous de nos petites élè- ves et de leur chère maman ? quand baiserai-je vos lares sacrées et respectables ? Quand mes yeux verront-ils ce digne homme qui se choisit pour ami des hommes dans l’adversité ? J. J. Rousseau.

P, S. — J’avais écrit ma lettre sans lire le revers de la vôtre. La première page n’était pas pleine et rien n’indi- quait que la seconde fût écrite. Heureusement je viens d’apercevoir qu’elle l’était, et j’ai été payé par un nouveau plaisir de celui que je prends à relire plusieurs fois toutes vos lettres. Vous pouvez connaître à la lecture de celle-ci que si j’ai des intervalles d’abattement mon état permanent est le courage. Il augmente même en voyant combien vous vous intéressez à mon sort. Dieu au ciel et des amis vertueux sur la terre, voilà de quoi prévenir toujours le désespéré.

XIX

À M. DE VOYER.

22 avril 1T65.

J’aime dom Deschamps, monsieur ; j’estime sa manière de raisonner, je présume très-bien de son ouvrage ; et,

  • L’habit arménien, que Rousseau portait depuis son arrivée à Motiers.

(Note de V Éditeur.)