Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/457

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LETTRES INÉDITES. 451

bre ; ainsi je ne pus profiter de votre avis de suivre la droite du Rhin. L’impossibilité de suivre ma route et Taccueil qu’on me fait ici ne me laissent pas repentir du parti que j’ai pris. Après avoir vécu si longtemps parmi des loups enra- gés, il est doux de se retrouver parmi des hommes. Quand même les fureurs de la petite populace de Motiers et de la grande populace de Berne auraient été excitées par les gouvernements, ils se garderaient d’en exercer chez eux de pareilles ; il leur convient mieux de faire faire les sot- tises par les sots que les faire eux-mêmes.

J’ai écrit à mylord Mareschal ; j’attends sa réponse pour prendre un parti. Mais je suis en peine des lettres que j’é- cris d’ici, tant à Neuchâtel qu’ailleurs, n’en recevant en- core aucune réponse et n’apprenant pas qu’aucune soit parvenue à son adresse. Cependant la fidélité des postes de France m’est connue : mais quant à celles de Suisse, chacun sait qu’elles sont un brigandage public, et j’ai bien peur que notre excellent ami n’en fasse l’épreuve ainsi que moi, puisqu’il me marque du 7 qu’une lettre dont on vous fait mention ne lui est pas parvenue. J’ai écrit aussi à M. le colonel Pury. Il serait plus cruel que surprenant que toutes nos correspondances fussent coupées. Mon cher colonel, soit que vous receviez ou non de mes nouvelles, soyez certain de mon souvenir le plus tendre et de tout mon attachement.