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velles par rapport à moi-même, mais encore plus par rapport à ma nation, que je suis assuré de servir en la mettant à même de vous avoir des obligations.

Au surplus, quelque chose qui arrive, rien ne pourra jamais altérer l’estime et l’attachement sincères que je fais gloire d’avoir pour vous.

Je suis de tout mon cœur, monsieur, votre très-humble et très-obéissant, etc.

LETTRE VII

J. J. ROUSSEAU A M. DE BUTTAFUOCO.
A Motiers-Travers, 24 mars 1765.

Je vois, monsieur, que vous ignorez dans quel gouffre de nouveaux malheurs je me trouve englouti[1]. Depuis votre pénultième lettre, on ne m’a pas laissé reprendre haleine un instant. J’ai reçu votre premier envoi sans pouvoir presque y jeter les yeux. Quant à celui de Perpignan, je n’en ai pas ouï parler. Cent fois j’ai voulu vous écrire ; mais l’agitation continuelle, toutes les souffrances du corps et de l’esprit, l’accablement de mes propres affaires, ne m’ont pas permis de penser aux vôtres. J’attendais un moment d’intervalle ; il ne vient point, il ne viendra point,

  1. Rousseau veut parler ici des attaques violentes dont il devint l’objet peu après la publication des Lettres écrites de la Montagne.
    (Note de l’Éditeur)