Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/115

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LETTRE II.

Vous êtres bien bon, Monsieur, de mettre tant de prix au peu de tems que j’ai employé pour vous communiquer les notes de J. J. Rousseau contre le livre de l’Esprit. Vous avez raison de dire qu’elles contiennent des objections & des argumens irréplicables. M. Helevétius le sentoit bien lui-même & sa lettre en est une preuve. On ne peut en effet disconvenir que le citoyen de Geneve, si ingénieux à soutenir les paradoxes les plus inexplicables, ne fût aussi le champion le plus propre à renverser les autels du sophisme. C’est Diogene qui tout fou qu’il étoit, n’en fournissoit pas moins des armes à la vérité.

Vous témoignez tant d’empressement de connoître les autres notes qui se trouvent à la marge de l’exemplaire de l’Esprit, que je ne puis me refuser au plaisir de vous donner cette satisfaction ; mais ne vous attendez plus à une marche régulière. L’ouvrage d’Helvétius n’étant composé que de chapitres sans liaison, d’idées décousues, de jolis petits contes & de bons mots ; les notes que vous allez lire, à deux ou trois près, ne sont aussi que des sorties sur quelques sentimens particuliers ; vous en allez juger.

À la fin du premier discours,*

[*Ch. iv. p. 41.] M. Helvétius revenant à son grand principe, dit : " rien ne m’empêche maintenant d’avancer que juger, comme je l’ai déjà prouvé, n’est proprement que sentir.” Vous n’avez rien prouvé sur ce point, répond Rousseau ; sinon que vous ajoute au sens du mot SENTIR,