Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/142

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Vous qui connoissez l’Étendue de la charité chrétienne, qui aimez la paix & la tranquillité, vous croyez que la vénérable Classe, sur la lecture de cet écrit, se hâta de l’accepter, publier, & consigner en lettres d’or dans ses registres. Détrompez-vous, Monsieur, & devinez, si vous le pouvez, les motifs qui déterminerent notre clergé à ne rien répondre à M. Rousseau sur cette offre, à ne point la faire transpirer dans le public, & à précipiter d’un jour, le jugement de cette affaire.

Devinez encore les raisons du silence inviolable promis & juré par tous les membres assistans, tant sur les questions à adresser à M. Rousseau, que sur tout ce qui s’étoit passé, ou se passeroit dans ce Synode inquisitorial ? Silence bien important, puisque les membres du clergé qui n’avoient pas assisté*

[*Nous saisissons cette occasion pour rendre gloire à la vérité, & hommage à ceux de nos Pasteurs qui dans cette affaire, & dans plusieurs autres, ont par leurs sentimens mérité l’honneur d’être suspects à leur Corps.] aux délibérations, n’en purent pénétrer le secret. Vaine précaution ! Ce secret impénétrable étoit connu long-tans avant que la Classe en eût délibéré. Ceux qui ont la correspondance de la Cour, avoient eu le tans d’en informer le Roi, & cela sur des avis venus de Paris & de Geneve. Vous êtes étonné, Monsieur, & moi aussi. Le fait n’en est pas moins vrai.

" Le Roi trouve très-mauvais que vos compatriotes s’acharnent sur un homme qu’il protege, & il a déclaré qu’il se ressentiroit vivement contre ceux qui persisteroient à persécuter M. Rousseau. Je le tiens de la bouche même du Roi. Vous pouvez le dire à qui vous voudrez.”

C’est en ces termes que dans sa lettre du 10 Mars, adressée