Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/494

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devoir du Philosophe de ménager, toutefois sans bassesse, ses intérêts le plus chers, & qu’il doit en savoir à propos faire plier son sort à l’approche des circonstances.

Ou M. Rousseau étoit assez aisé pour se passer de la pension, ou il ne l’étoit pas. Dans le premier cas il étoit honteux à ce Philosophe d’avoir consenti qu’on la sollicitât à titre de secours pieux & charitable ; & dans le second, il y avoit de la folie à ne vouloir pas la recevoir, fusse même par la médiation d’un homme qui, cependant ne s’étoit point encore déclaré ouvertement son ennemi, & qui continuoit à jouer avec chaleur le rôle de l’amitié.

Si je ne connoissois pas les hommes autant que j’ai appris à les connoître, & sur-tout Messieurs les Anglois, je serois incliné à croire même par la superbe réponse de M. Hume à l’épître de Rousseau, que le premier est absolument innocent de la prétendue trahison dont le second l’accuse. Voyons comme le premier s’y prend pour se justifier. Sa conscience, dit-il, ne lui reproche rien, elle renferme les preuves d’une affection sincere, & lui fait lire avec surprise des accusations : si violentes, que les trouvant fixées à des simples généralités, il lui est impossible de les concevoir. Il suppose qu’elles ne peuvent émaner, que de la part de quelqu’infâmes calomniateurs. Il demande à J. J. de les lui nommer, ou de le mettre à même de se justifier. Il se déclare innocent, c’est comme tel non comme un ancien ami qu’il veut plaider sa cause confondre l’imposteur. Rien de plus raisonnable que cette demande. Rien de plus juste que de déférer à ce qu’elle exige. On ne trouve point dans cette lettre de ces phrases boursouflées