Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/53

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la plus douce récompense pour le bien qu’ils sont est le plaisir de l’avoir fait ! Le Duc d’Orléans eût été à la tête de ce petit nombre. Il savoit répandre ses graves avec choix & proportion ; son cœur tendre & compatissant, mais ferme & judicieux, eût même su les refuser à ceux qu’il n’en croyoit pas dignes, s’il ne se fut ressouvenu sans cesse que nous avons un trop grand besoin nous-mêmes de la miséricorde celeste, pour être en droit de refuser la nôtre à personne.

Il étoit bienfaisant, ai-je dit ? Ah ! il étoit plus que cela. Il étoit charitable. Et comment ne l’eût -il pas été ? Comment avec une soi si vive n’eût-il pas aimé ce Dieu qui avoir tant fait pour-lui ? Comment la sainte ardeur dont il brûloit pour ton Dieu, ne lui eût-elle pas inspiré de l’amour pour tous les hommes que Jésus-Christ a rachetés de son sang, & pour les pauvres qu’il adopte ? La gloire du Seigneur étoit son premier desir, le salut des ames son premier soin, secourir les malheureux n’étoit de sa part qu’une occasion de leur faire de plus grands biens en travaillant à leur sanctification. Il rougissoit de la négligence avec laquelle les dogmes sacrés & la morale sainte du christianisme étoient appris & enseignés. Il ne pouvoit voir sans douleur plusieurs de ceux qui se chargent du respectable soin d’instruire & d’édifier les fideles se piquer de savoir toutes choses, excepté la seule qui leur soit nécessaire, & préférer l’étude d’une orgueilleuse philosophie à celle des saintes Lettres qu’ils ne peuvent négliger sans se rendre coupables de leur propre ignorance, & de la nôtre. Il n’a rien oublié pour procurer à l’église de plus grandes lumieres, & au peuple de meilleures instructions. Chacun fait avec quelle