Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/573

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Voilà un secrétaire d’Ambassade assez peu respecté, & la fierté d’une grande ame peu ménagée. Je lui conseille de faire graver au bas de sa statue les paroles de l’Ambassadeur au secrétaire d’Ambassade.

Vous voyez, Monsieur, que ce pauvre homme n’a jamais pu ni se maintenir sous aucun maître, ni se conserver aucun ami, attendu qu’il est contre la dignité de son être d’avoir un maître, & que l’amitié est une foiblesse dont un sage repousser les atteintes.

Vous dites qu’il fait l’histoire de sa vie. Elle a été trop utile au monde, & remplie de trop grands événemens, pour qu’il ne rende pas à la postérité le service de la publier. Son goût pour la vérité ne lui permettra pas de déguiser la moindre ces anecdotes, pour servir à l’éducation des Princes qui voudront être menuisiers comme Emile.

À dire vrai, Monsieur, routes ces petites miseres ne méritent pas qu’on s’en occupe deux minutes ; tout cela tombe bientôt dans un éternel oubli. On ne s’en soucie pas plus que les baisers âcres de la nouvelle Héloise, & de son faux germe, & de son doux ami, & des lettres de Vernet à un Lord qu’il n’a jamais vu. Les folies de Jean-Jaques & son ridicule orgueil ne seront nul tort à la véritable philosophie ; & les hommes respectables qui la cultivent en France, en Angleterre & en Allemagne, n’en seront pas moins estimés.

J y a des sottises & des querelles dans toutes les conditions de la vie. Cela s’oublie au bout de quinze jours. Tout pene rapidement comme les figures grotesques de la lanterne magique.