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Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/146

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Tout à coup un grondement lointain se fit entendre, sourdement prolongé ; les détonations des fusées venaient évidemment de provoquer l’orage qui depuis longtemps se préparait dans l’atmosphère surchauffée ; aussitôt cette même pensée frappa l’esprit de tous : « Djizmé va mourir ! »

Sur un signe de Talou le cortège se remit en marche, et, traversant vivement la partie sud d’Éjur, déboucha encore une fois sur la place des Trophées.

L’orage s’était déjà rapproché ; les éclairs se succédaient rapidement, suivis de coups de tonnerre chaque fois plus sonores.

Rao, qui avait pris les devants, parut bientôt guidant ses hommes lourdement chargés d’un curieux lit de repos qu’ils installèrent au milieu de l’esplanade. Aux lueurs des éclairs on pouvait examiner l’étrange composition de ce meuble, dont l’aspect semblait à la fois confortable et terrifiant.

Une carcasse, surélevée par quatre pieds de bois, supportait une moelleuse natte blanche entièrement recouverte de fins dessins séparés,