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Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/206

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du support triplement ramifié et saisit par son anneau le couvercle adapté à la plaque.

Tous les spectateurs se massèrent près du chevalet afin de n’opposer aucun obstacle aux rayons lumineux.

Louise était visiblement émue au moment de tenter la grande épreuve. Sa respiration orchestrale s’accélérait, donnant plus de fréquence et de vigueur aux accords monotones continuellement exhalés par les aiguillettes. D’un geste brusque elle arracha le couvercle, puis, passant derrière le support et le chevalet, vint se mêler à nous pour épier les mouvements de l’appareil.

Privée de l’obturateur que la jeune femme tenait toujours dans ses doigts, la plaque apparaissait maintenant à nu, montrant une surface brune, lisse et brillante. Tous les regards fixaient avidement cette mystérieuse matière, dotée par Louise d’étranges propriétés photo-mécaniques. Soudain un léger frisson agita, en face du chevalet, le bras automatique, formé en somme d’une simple lame horizontale et brillante, coudée en son milieu ; l’angle mobile du coude tendait à s’ouvrir le plus possible sous l’action d’un ressort assez puissant contrarié par un souple fil de métal qui, sortant de la sphère, agrippait la pointe finale du bras et réglait ainsi l’écart ; actuellement le fil en s’allongeant laissait l’angle s’agrandir progressivement.