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Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/210

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étroite roue métallique propre à mouvoir électriquement, par le courant qu’elle établissait, un ensemble complexe de bielles, de pistons et de cylindres.

La tâche avançait progressivement vers la droite, toujours par bandes verticales tracées l’une après l’autre de haut en bas. Chaque fois que la roue sans jante tournait devant la palette ou devant la toile, on entendait les appels stridents du fixateur destiné à maintenir successivement tel ou tel pinceau pendant la courte durée du travail. Ce bruit monotone copiait, en beaucoup plus lent, le crissement prolongé des tourniquets de foire.

La surface entière de la palette se trouvait maintenant salie ou entamée ; les mélanges les plus hétéroclites voisinaient côte à côte, modifiés sans cesse par quelque nouvel apport de couleur fondamentale. Aucune confusion ne se produisait malgré ce déroutant bariolage, chaque pinceau restant consacré à certaine catégorie de nuances qui lui conférait telle spécialité plus ou moins définie.

Bientôt toute la moitié gauche du tableau fut terminée.

Louise épiait avec joie les agissements de l’appareil, qui jusqu’alors avait fonctionné sans accident ni erreur.