Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/316

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très touffue, se passerait aisément du dialogue inaccessible aux deux enfants ; d’ailleurs l’absence de texte ne pouvait nuire à la compréhension d’un sujet aussi populaire.

À défaut d’accoutrements complets, il fallait trouver quelque fragment de costume ou de parure pouvant faire reconnaître les deux personnages. La coiffure offrait dans cet ordre d’idées l’élément le plus simple et le plus facile à exécuter. Mais, d’après le manuscrit, les deux amants étaient vêtus d’étoffes à ornements rouges, avec coiffures assorties et richement brodées.

Cette dernière indication embarrassait Adinolfa et la hantait, certain jour, au cours de ses habituelles promenades à travers les massifs du Béhuliphruen. Soudain, comme elle marchait le regard fixé à terre, absorbée par ses réflexions, elle s’arrêta au bruit d’une sorte de monologue lent et entrecoupé. Elle tourna la tête et aperçut Juillard, qui, assis à la turque sur le gazon, tenait un cahier à la main et rédigeait des notes qu’il prononcait à voix haute. Un grand recueil illustré, posé tout ouvert sur le sol, attira l’attention de la tragédienne par certains tons rougeâtres qui se trouvaient justement en harmonie avec ses pensées intimes. Elle s’approcha de Juillard, qui lui vanta le charme puissant du lieu de retraite choisi par lui. C’est là que, depuis le récent achèvement de la conférence réservée au