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Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/318

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Dans le premier tableau, Roméo enfant écoutait les leçons de son précepteur le père Valdivieso, savant moine qui inculquait à son élève les principes de la morale la plus pure et la plus religieuse.

Depuis nombre d’années Valdivieso passait toutes ses nuits au travail, s’entourant d’in-folio qui faisaient sa joie et de vieux parchemins dont les secrets n’échappaient jamais à son infaillible sagacité. Doué d’une mémoire immense et d’une élocution entraînante, il charmait son disciple par des récits fort imagés, dont le sens cachait presque toujours quelque enseignement profitable. La scène initiale était remplie entièrement par son rôle, auquel se joignaient seulement quelques interruptions naïves du jeune Roméo.

Les souvenirs bibliques se pressaient sur les lèvres du moine. Il évoquait minutieusement la tentation d’Ève, puis contait l’aventure du débauché Thisias, qui, en pleine Sion, au milieu d’une orgie, vit apparaître le spectre de Dieu le Père, terrible et courroucé.

Ensuite venaient les détails suivants sur la légende de Phéior d’Alexandrie, le jeune libertin contemporain de Thaïs.

Désespéré par l’abandon d’une maîtresse bien-aimée qui lui avait signifié la rupture en oubliant volontairement un rendez-vous d’amour, Phéior, renonçant à son existence de plaisir et cherchant