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Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/339

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Cette tâche terminée, Hændel invita les assistants à contempler un moment la gamme figurée sous leurs yeux, chacun devant s’efforcer de garder dans sa mémoire la correspondance des couleurs et des notes.

Ensuite le maître lui-même, avec son toucher prodigieusement affiné par la cécité, procéda au minutieux examen des touffes, enregistrant soigneusement dans son souvenir telle particularité créée par la disposition des feuilles ou par l’écartement des piquants.

Une fois sûr de lui, Hændel réunit les sept branches de houx dans sa main gauche et désigna la direction de sa table de travail, en chargeant Corfield de prendre avec lui la plume et l’encrier.

Sortant de la pièce, guidé par un de ses fidèles, le maître aveugle se fit conduire près de l’escalier, dont la rampe plate et blanche se prêtait fort bien à ses desseins.

Après avoir longuement mêlé les branches de houx, qui ne gardèrent plus trace de leur ordre primitif, Hændel appela Corfield, qui lui remit la plume trempée dans l’encre.

Effleurant au hasard, avec les doigts disponibles de sa main droite, une des touffes piquantes, qui pour lui avaient toutes leur personnalité individuelle reconnaissable au toucher, l’aveugle s’approcha de la rampe, sur laquelle il