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Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/364

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Bex fit un signe d’approbative compréhension ; le jeune homme venait de lui expliquer, de façon assez claire, que les rongeurs, actuellement épars dans les fourrés, craignaient fort le bruit de l’orage et rentraient peureusement dans leurs terriers aux premiers grondements de la foudre.

En levant les yeux Bex constata l’immuable pureté du ciel et se demanda où Fogar voulait en venir ; mais celui-ci devina sa pensée et, d’un geste, lui prescrivit l’attente passive.

Le carrefour en écumoire se trouvait ombragé par de grands arbres bizarres, dont les fruits, pareils à de gigantesques bananes, jonchaient de tous côtés le sol.

Avec ses doigts, Fogar pela sans peine un de ces fruits, dont il pétrit l’intérieur blanchâtre et malléable afin de lui ôter sa forme légèrement recourbée.

ll obtint de la sorte un bloc cylindrique parfaitement régulier, qu’il perfora dans le sens de la longueur à l’aide d’une brindille mince et droite.

Dans le trou lumineux et vide il glissa certaine liane cueillie sur l’un des troncs, puis consolida l’ensemble par un nouveau pétrissage rapide.

Peu à peu le fruit s’était transformé en une véritable chandelle, dont la mèche, très inflammable, prit feu subitement grâce à plusieurs