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Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/372

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parvenue à un certain degré d’épanouissement.

Soudain un travail se produisit dans le tissu végétal, que Fogar examina de plus près encore.

La surface blanchâtre et verticale se renouvelait à intervalles réguliers par suite d’un étrange mouvement moléculaire.

Une série de transformations s’effectua ainsi pendant un laps de temps assez prolongé ; puis le phénomène changea de nature, et Fogar, à peine surpris cette fois, vit ses propres traits reproduits avec vigueur par la plante avide d’assimilation picturale.

Différentes poses et expressions du modèle unique défilèrent tour à tour sur l’écran intérieurement agité par de continuelles perturbations, et l’adolescent eut la confirmation de l’énigme qu’il avait à peu près devinée : son arrivée au fond du Tez avait coïncidé avec la phase enregistrante survenue dans l’évolution de la première plante, qui aussitôt s’était emparée âprement des images situées en face d’elle.

Par malheur la nouvelle suite d’aperçus, parfaite comme netteté, manquait absolument d’esthétique et d’intérêt. Fogar, n’étant pas averti, avait pris toute sorte d’attitudes baroques, et ses portraits, à demi grimaçants, se succédaient avec la plus fastidieuse monotonie.

Avisant une plante voisine qui paraissait prête