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Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/101

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Et le conserve sans se lasser, tendrement,
Heureuse de l’avoir à sa portée, aimant
Le sentir là ; sa main se pose sur la joue
Du bien-aimé captif et des doigts elle joue
Avec quelques-uns des longs et jolis cheveux
Qui s’égarent sur sa tempe ; ouvert, gracieux,
Le petit semble plein de franchise ; elle baisse
Les yeux vers lui qui, sans résistance, se laisse
Choyer et dorloter longtemps ; il est enclin
Aux caresses, grâce à son naturel câlin ;
C’est l’enfant débordant de douce insouciance,
À qui jamais la rude et dure surveillance
N’a pesé, qui se sait idolâtré, gâté,
Pour les dons qu’il possède et pour cette beauté
Dont s’exhale, sitôt qu’il paraît, le grand charme ;
Personne au monde ne fait pour lui le gendarme,
Il est confiant dans son merveilleux pouvoir,
Dans l’ensorcellement sûr de son regard noir ;
À l’avance il sait bien que pourvu qu’il se montre
N’importe où, même aux gens inconnus qu’il rencontre,