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Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/150

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Aucune ride trop précoce ne se creuse
Dans l’ensemble de son visage demeuré
Irréprochable pour n’avoir jamais pleuré ;
Ses jours se sont passés paisibles, sans orages,
Sans crises, sans à-coups et sans terribles pages ;
Elle n’a pas connu les longs déchirements,
Les deuils réitérés ni les revirements
De la fortune ; sans angoisse elle se fie
À son étoile. Son bras gracieux s’appuie
Avec enlacement sur un enfant frisé
Au caractère gai, vif, au regard rusé,
À la mine mobile, éveillée, espiègle ;
Il aime rire et n’est pas fréquemment en règle
Pour ses devoirs, pour ses pensums et ses leçons ;
Il adore les jeux, les tours de polissons ;
Il est assourdissant, incorrigible, diable,
D’une nature trop prompte, peu maniable ;
Au travail il est mou, manque de bon vouloir,
Cherche des faux-fuyants, paresse comme un loir,
Se refuse à trouver de l’intérêt ; l’étude