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Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/160

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À la dévergondée adroite qui se vend ;
La femme est tout pour lui ; rien d’autre ne l’occupe
Ni ne l’enthousiasme ; en croisant une jupe
Il se retourne, toise, estime, et son esprit
Trotte ; quand un joli visage lui sourit,
Une commotion se produit ; un bien-être
L’ensoleille, le rend plus qu’un roi, le pénètre,
Lui procure un moment inoubliable, doux ;
Il aime les cheveux blonds, les noirs et les roux,
Évoque tantôt la pétulante Espagnole,
Tantôt l’Orientale inexpressive, molle,
Étendue au milieu des étoffes, des ors,
S’enivrant de senteurs lourdes, de parfums forts
Et dont le maître, en vrai tyran jaloux, dégaine
À tout propos — tantôt la libre Américaine
Émancipée à seize ans et dont la beauté
Fait des victimes sur son passage. À côté
De l’homme à barbe blanche une femme petite
Trouve, à part soi, que son compagnon va trop vite
En besogne, qu’il se montre peu pondéré,