Aller au contenu

Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les gens s’acharnent à dire d’eux sans relâche ;
Il force toutes les qualités, prend à tâche
D’amplifier les beaux côtés, de flagorner,
De négliger les maux, les travers et d’orner
Ses phrases d’un amas ampoulé d’épithètes.
D’un mouvement pareil, simultané, deux têtes
Répondent à son grand salut obséquieux ;
Ce sont celles de deux femmes dont les doux yeux
Sourient ; elles sont dans une voiture ouverte
Qui fuit légèrement, au trot fougueux, alerte,
De deux chevaux bouillants, téméraires, piaffants,
Tapageurs au delà de tout, ébouriffants ;
Le cocher, bien que sûr de leur courage, effleure
Leurs deux croupes du bout de son fouet ; il les leurre
Sur sa sévérité dont ils n’ont pas besoin.
La voiture s’approche, elle tourne le coin
De la route ; les deux femmes diffèrent ; l’une,
Avec une figure énorme, en pleine lune,
Est le type de la bonne grosse qui joint
Le comique et la belle humeur à l’enbonpoint ;