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Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/185

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À l’unité de sa jupe ; elle est inquiète
Et redoute la plus imperceptible miette ;
Prévoyant le gâchis qui descend, elle sait
L’éviter. La marchande est grasse et sans corset ;
Elle fouille dans sa solide boîte ronde,
Lourde par elle-même, élevée et profonde
Encore presque pleine et qu’on croit volontiers
Inépuisable, sans fin pour des jours entiers ;
Posé par terre, près de la boîte, un couvercle
Est assez haut ; moins grand que son pourtour, un cercle
Adhère à sa surface, un peu proéminent,
Enraciné, formant clôture, dominant,
Ayant presque l’aspect d’une très basse grille ;
Au centre, mise sur un pivot, une aiguille
Mobile, en équilibre, est prête à tourner fort ;
Elle est faite pour un naïf tirage au sort ;
Son parcours est fixé sur un cadran à nombres ;
Les chiffres sont épais, espacés, plutôt sombres.
Affectant de ne pas sourire, deux plaisants,
Tâchant d’être toujours, à tout prix, amusants,