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Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/198

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Et ne conquiert jamais la pleine sûreté
Pour sa contrition et pour sa pureté.

Jeune, mais se voûtant beaucoup, un pauvre hère
Est pensif dans la foule, à côté de sa mère
Dont il est l’héroïque et fidèle soutien ;
Tous deux manquent de tout, vivent de presque rien ;
La redingote du fils, luisante, râpée,
Rafistolée avec science, retapée,
Dessine sa maigreur étique d’échalas ;
Il se couche ayant faim et saute des repas.
Il donne pour un prix grotesque, dérisoire,
Quelques rares leçons ; dans la misère noire
Au milieu de laquelle il lutte et se débat,
ll n’a pas un moment bon, délassant, béat.
Il passe force nuits blanches, voit le jour poindre
Sans avoir découvert le vrai moyen de joindre
Les deux bouts ; il est si fortement endetté
Qu’il ne sait pas ce qu’il doit avec netteté.
Parfois découragé, défait, il se dit : « Baste !