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Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/213

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Elle n’est jamais à court de témérité
Pour camper là, bien en face, une vérité,
Car elle n’a pas la langue au fond de sa poche
Et ne regrette rien des mots qu’elle décoche.
Elle est prédisposée à la lutte ; elle boit
Du lait quand, l’œil perçant et joyeux, elle voit
Sa victime rougir et perdre contenance
En recevant en plein nez une impertinence.
Elle s’acharne avec calme, avec âpreté,
Entreprend l’un sur son manque de propreté,
Le second sur ses yeux rouges et minuscules,
Le troisième sur ses nombreuses pellicules.
Ses patients n’ont plus un semblant de repos,
Elle est toujours prête à l’attaque et sur leur dos.
Elle souligne les tares, monte une scie
Aux déplumés de trente ans sur leur calvitie,
Prétendant que leur crâne impeccable reluit
Avec force, même au beau milieu de la nuit.
C’est toujours le côté faible, l’endroit sensible,
Qu’elle sait dénicher et qu’elle prend pour cible ;