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Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/218

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Il fait sans cesse des charges sans aucun sel,
Se posant en joyeux compagnon, en jocrisse,
En boute-en-train ; il faut tantôt qu’il s’ahurisse,
Employant son pseudo-talent de grimacier,
Tantôt qu’il saisisse à pleins bras, par le dossier,
En guise de danseuse, une chaise légère
Et tourbillonne avec elle ; tout lui suggère
Quelque bêtise ; en fait d’esprit fin et nouveau
Il se cogne contre un mur, pleure comme un veau,
Puis rit, l’ayant fait par farce ; à la longue il tape
Sur les nerfs ; quand, par un dur hasard, il vous happe
À l’improviste dans la rue, on ne peut plus
S’en dépêtrer ; les faux-fuyants sont superflus ;
Tout lui va ; qu’on tourne à gauche ou qu’on tourne à droite,
Sa complaisance étant sans limite, il emboîte,
En se frottant gaîment les deux mains, votre pas ;
Il demande en riant s’il ne vous gêne pas ;
On répond la bouche en cœur : « Jamais de la vie ! »
Alors qu’on crispe les doigts avec bonne envie
De le mettre en cinq cent mille petits morceaux.