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Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/46

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Que forme, en rapprochant deux bourrelets, le cuir ;
Le lacet, libéré, pourra bientôt s’enfuir
Dès que le pied, n’ayant plus son effort à faire,
Reprendra brusquement sa posture ordinaire
Et se tiendra plus droit, plus raisonnable, et mieux.
En face de l’enfant, un jeune paresseux
Se reposant après ses fatigues, regarde
Dans le lointain ; il s’est interrompu, mais tarde
À se remettre à la besogne ; c’est l’ardeur
Qui lui manque, car il ne trouve que tiédeur
En lui-même, pour son trop puéril ouvrage ;
Il ne témoigne ni volonté ni courage ;
Il estime qu’il a suffisamment peiné
Et qu’il a mérité son repos ; c’est l’aîné
Du groupe, et le plus grand de beaucoup ; sa croissance
Le met déjà presque au seuil de l’adolescence ;
Son ambition croît, son horizon s’étend ;
Les gambades, les jeux ne l’amusent plus tant ;
Il a de plus hautains aperçus, d’autres vues,
De vagues sentiments sur des choses mal sues,