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Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/66

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Un oisif isolé, mélancolique, bâille
En lisant le premier article d’un journal
Sans doute monotone à périr ; il est mal
Sur sa chaise ; il se sent trop contraint et se vautre
Avec gêne, avec des contorsions.

Un autre
Confie au sable un nom ineffablement cher
Qu’il écrit lentement avec le bout en fer
De sa canne ; à côté, des traces d’écriture
Préexistent déjà, mais un trait les rature ;
C’est un premier essai malheureux, avorté ;
Cette fois-là le nom chéri fut écourté
Par mécontentement ; c’est sur une diphtongue
Qu’il s’arrête ; la canne est suffisamment longue
Pour que celui qui la bouge n’ait pas besoin
De se baisser ; il suit négligemment, de loin
Ce qu’il écrit et, sans aucun zèle, s’appuie
À son dossier ; le nom, presque achevé, dévie