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Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/98

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Croyant que tout le monde est, comme elle, enchanté ;
Elle trouve que tout va ; son exubérance
Est excessive mais sincère ; elle ne pense
Qu’à se donner du bon temps et de l’agrément ;
Rien, pour elle, ne vaut qu’on se crée un tourment.
Un grand sec avec un monocle la plaisante,
Mais sa farce n’est pas hargneuse ni blessante,
Car la grosse la prend bien et rit de bon cœur ;
Elle admet qu’on lui fasse entendre un ton moqueur
Et ne montre jamais de honte ou de mesquine
Susceptibilité, sitôt qu’on la taquine ;
Le grand, gardant le plus terrible sérieux,
La toise de la tête aux pieds, en curieux ;
Une admiration ébahie, ironique,
Se peint exprès sur ses traits ; il proclame unique
La sveltesse de la grosse dont la minceur
Soi-disant l’émerveille, alors que l’épaisseur
De sa taille sanglée et sa poitrine grasse
Frappent du premier coup ; il lui vante sa grâce ;
Ils sont, en résumé, bons amis tous les deux.