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Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/138

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Ainsi qu’on put s’en rendre compte plus tard, tout s’accomplit selon les prévisions de Guzil. Durant le premier assoupissement du roi, Asnorius fit adroitement son nœud coulant, parvint à le passer au cou du dormeur et prit à souhait son essor, halant puissamment le fil en battant des ailes. Mais, dans un sursaut d’agonie, Alexandre, inconsciemment, frappa d’un revers de main une proche coupe en métal, qui, pleine encore d’un breuvage qu’on lui préparait pour chaque nuit, rendit au choc une note vibrante.

Aussitôt l’athlète Vyrlas se précipita dans la chambre, faiblement éclairée par une lampe nocturne, et vit la face violacée du roi, dont les membres s’arquaient au cours d’une suprême convulsion. Il fonça droit sur Asnorius, promptement maîtrisé, puis élargit de ses doigts robustes le nœud mortel qui étreignait Alexandre, auquel des soins immédiats furent efficacement prodigués.

Une enquête amena l’arrestation de Guzil, qui seul avait pu enseigner à l’oiseau les finesses d’un pareil manège.

L’esclave, pressé de questions, fit des aveux et nomma l’instigateur du meurtre. Mais Brucès,