Aller au contenu

Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tour à tour les huit morts suivants, amenés à Locus Solus, subirent le traitement nouveau et revécurent des scènes qui résumaient divers enchaînements de faits.



1° Le poète Gérard Lauwerys, conduit par sa veuve, que soutenait seul, dans sa folle douleur, l’espoir de la résurrection factice promise par Canterel.

Pendant les quinze dernières années écoulées, Gérard avait publié avec succès à Paris une série de remarquables poèmes, où il excellait à rendre la couleur locale des contrées les plus diverses.

La nature de son talent le contraignant à voyager sans cesse, le poète emmenait à ses côtés par le monde, pour éviter de continuelles séparations déchirantes, sa jeune femme Clotilde — qui, ainsi que lui, maniait passablement chacune des principales langues européennes — et son fils Florent, enfant robuste que ne fatiguait nullement la vie errante.

Traversant un jour en berline les sauvages