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Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/238

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d’une remarquable série de planches en couleurs qui transportaient dans les abîmes du passé planétaire l’esprit saisi de vertige enivrant. Il songea qu’apprendre là, en se cachant les gravures, des alinéas sans étincelle lui octroierait contre ses obsessions un dérivatif exempt de péril.

Mais Gérard sentait bien que, pour triompher d’une tâche aussi ardue, il lui fallait une règle fixe et sévère, sachant le contraindre, jusqu’au dernier jour, à un irrémissible labeur quotidien.

À la fin du livre s’éternisait, partout sur deux colonnes, une fine nomenclature alphabétique de tous les sujets traités, — animaux, végétaux ou minéraux, — chacun fournissant, à la suite de son nom, l’indication des pages qui l’étudiaient.

Cinquante journées, en comptant la présente, le séparant encore de la date immuable de sa mort, Gérard chercha si une page de l’index n’offrait pas juste le même nombre de mots cités. Sur le haut de la quinzième, qui répondait à ses désirs, il écrivit, avec son habile procédé, ces mots : « Jours de cellule », dont le dernier était justifié par la rigueur de son incarcération.

Deux mots nouveaux, « Actif » et « Passif »,