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Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/247

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Sans contrôle il confiait la gérance de son domaine à son vieil intendant Dourtois, qui, depuis près d’un demi-siècle, servait sa famille avec la plus stricte honnêteté. Pour toutes sommes à régler ou dispositions à prendre, Dourtois recevait de Roland des blancs-seings à remplir librement.

Toujours, à l’heure du coucher, Dourtois faisait dans le château une tournée d’inspection, afin de vérifier la fermeture de chaque issue. Un soir, après l’accomplissement de ce devoir, il découvrit, en réintégrant sa chambre, les traces d’un incendie restreint, dont la cause lui parut claire. Campée sur une hauteur, l’imposante demeure des Mendebourg subissait parfois de violents coups de vent ; une cire allumée, mise sur une table de chêne devant la fenêtre, avait dû enflammer les rideaux, gonflés jusqu’à elle par quelque souffle brusque, assez puissant pour s’immiscer par les joints des battants vitrés ; des rideaux, le feu avait gagné la table, vite brûlée, puis, ne rencontrant que des murs de pierre et un sol en dallage, s’était de lui-même éteint.

Or Roland avait, ce jour-là, donné un blanc-seing à Dourtois, qui s’était hâté de mettre la