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Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/289

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songé, depuis son mariage, qu’à sa parure et à la perfection vantée de sa personne physique.

Elle avait notamment adopté, à l’instar des premières élégantes de Londres, une mode récente concernant certain étamage des ongles, qui, supérieur à tous systèmes de polissage, créait au bout de chaque doigt une sorte d’étincelant petit miroir.

Opérateur adroit, l’inventeur du procédé, après complète insensibilisation locale, séparait avec une drogue spéciale la chair et l’ongle, dont il étamait la face interne, avant de le recoller solidement à l’aide d’un second produit de sa façon. L’étain employé, savamment doué d’une demi-transparence, laissait, non sans atténuation, à la lunule sa blancheur et à tout le reste, moins la portion réservée aux ciseaux, sa discrète nuance rosée.

À mesure que l’ongle poussait, il fallait, de temps à autre, que l’inventeur le décollât de nouveau, pour étamer, à sa base, la mince bande neuve.

Cerveau naturellement vain et fragile, Ethelfleda se montrait en outre faible de raison depuis une grave émotion ressentie en son enfance au