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Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/304

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nante, s’exerçait à de fins travaux d’aiguille, avait en poche un petit nécessaire à broderie. Elle en tira le poinçon, dont la pointe, guidée avec force par sa main, traça en divers sens, dans l’os frontal du crâne, de fines et courtes raies obliques. Maille par maille, une sorte de filet finit par se graver ainsi sur toute la région voulue, non sans trahir, par l’imperfection de ses étranges zigzags, l’amusante maladresse de l’enfance.

Il fallait maintenant au crâne une toque pareille à celle de l’avocate.

Sous la table de travail, une corbeille à papier regorgeait de vieux journaux anglais.

Esprit curieux et enthousiaste, avide d’approfondir toutes les littératures dans leur texte original, François-Jules avait poussé fort loin l’étude de maintes langues vivantes ou mortes.

Pendant le cours presque entier du mois précédent, il s’était chaque jour procuré le Times, où abondaient alors les plus sérieux commentaires sur un événement qui le passionnait.

Un voyageur anglais, Dunstan Ashurst, venait de rentrer à Londres après une longue explora-