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Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/320

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quelque sûre cachette qui, célébrant elle-même sa gloire, ne pût se découvrir qu’au terme d’une série de manœuvres propres à faire sans cesse toucher du doigt des particularités honorifiques pour lui.

Il avait jadis remporté le plus grand succès de sa carrière avec une alerte comédie jouée toute une saison à Paris.

Au début de son souper de centième, il avait ouvert, en le sortant des plis de sa serviette, un écrin où, montrant une largeur égale aux deux tiers de sa hauteur, brillait à plat, tout en pierres précieuses serties dans une plaque d’or, un petit fac-similé de son affiche du jour même, commandé à un joaillier d’art par tous ses amis cotisés. Grâce à une dense multitude d’émeraudes offrant deux tons distincts, le texte se détachait nettement en vert foncé sur un fond vert pâle. Dans treize blancs emplacements rectangulaires de tailles diverses dus à de la poussière de diamant, apparaissaient treize noms d’acteurs, dont douze en lettres bleues plus ou moins grosses, faites de saphirs assemblés, — et un, le premier et le plus énorme, en voyants caractères rouges comprenant des masses de rubis. Cette