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Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/342

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Merveilleusement peints et modelés, douze personnages en baudruche, hauts de quelques centimètres, évoquant sur un coin de la table une bande de sinistres rôdeurs, furent déposés par Lucius sur le reps, dont la plate-forme carrée laissait passer l’air chaud par une infinité de trous fins et serrés. Enlevés sans peine, ils se tinrent debout dans l’espace grâce à quelque lest mis dans leurs pieds et, bientôt, circulèrent suivant le caprice du fou, dont les doigts erraient sur le tissu-crible. Privée un instant de tous courants verticaux sauf de ceux qui, lui frôlant le dos ou l’abdomen, la chassaient dès lors loin de leur axe, telle figurine avançait ou reculait en plongeant puis, toute obstruction cessant au-dessous d’elle, rebondissait jusqu’à son premier niveau, empruntant à la répétition de ce manège un alerte sautillement de gigue. Telle autre pivotait sous l’action de certains courants effleurant tangentiellement, après suppression de toutes contre-parties, quelque portion saillante, main ou coude.

Une fois rangées vis-à-vis sur deux files parallèles de six, dont la plus proche nous tournait le dos, les poupées aériennes dansèrent classi-