Aller au contenu

Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/405

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

portrait de l’émeraud, qui retint son attention par l’extrême platitude de son corps.

Selon un texte succinct encadrant le dessin, l’émeraud, aphaniptère parasite de la pyrole calédonienne, plante particulière au centre de l’Écosse, était doué parfois la nuit d’une phosphorescence intermittente qui, ne le touchant en aucun point, créait plus haut que lui, parallèlement à l’ensemble de son individu, une sorte de halo vert. Tant que durait le phénomène lumineux, l’insecte, blanc à l’état naturel, se parait, grâce au reflet de son nimbe, d’une riche nuance émeraude qui justifiait son nom.

Séduite par l’idée de cette auréole, qui, apte sans doute à briller malgré un mince obstacle, lui fournirait, par sa venue miraculeuse au-dessus de tel tarot, une matière à saisissantes conclusions augurales, Félicité fixa son choix sur l’émeraud, dont la forme répondait juste à ses vues.

Sachant que Bazire, en vue de son commerce, avait dans chaque grand centre son pourvoyeur de bouquins, Félicité, désemparée, eut recours à lui pour se procurer ses insectes. Il écrivit à son correspondant d’Édimbourg, qui, après d’obligeantes démarches, lui envoya six pots de terre