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Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/457

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ment rendait visible chaque minime contour de l’ouvrage. Finalement une longue bande de dentelle étincelante, enroulée sans jeu sur elle-même, occupa l’entière capacité disponible, en touchant partout les parois de mica.

Déposant loin du fragile foyer la boîte prise par deux petites anses latérales et inconductrices, Ruolz laissa l’ensemble se refroidir puis, soulevant le couvercle, sortit la dentelle, prompte à se dérouler. Manié par Vascody, le fabuleux réseau offrait plus de souplesse et de délicate beauté que les points de luxe les plus recherchés, malgré son essence métallique, trahie par un restant de chaleur et un poids surprenant joints à d’ardents reflets.

La troublante finesse des mailles et du dessin, même après leur forte amplification, prouvait la minutie féerique du travail primitif, d’ailleurs exécuté par Ruolz à l’aide d’un puissant microscope désigné à Vascody. Mais le mérite inhérent à l’accomplissement d’une telle tâche importait peu au comte, fier seulement d’avoir trouvé un métal sensationnel qui, en se dilatant follement à la chaleur, devenait, sans changer de nature, aussi maniable que les plus mousseux tissus.