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Page:Roussy - Le cancer fleau social 1921.djvu/6

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ront trouver une nouvelle occasion de poursuivre dans la paix l’œuvre admirable d’abnégation et de dévouement qu’elles ont accomplie pendant la guerre ; et ceci pour le plus grand bien de l’Humanité souffrante.


Je me propose, dans la première partie de cette conférence, d’esquisser les grandes lignes du problème médical du cancer ; c’est-à-dire de vous montrer en quoi consiste cette maladie, comment elle débute, comment elle évolue, comment elle se termine ; en insistant particulièrement sur le fait que, contrairement à ce que l’on croit trop souvent encore, le cancer peur guérir, et même guérir définitivement.

Ces données une fois acquises, il nous sera possible d’aborder la deuxième partie de notre sujet sur lequel je m’étendrai davantage, parce que plus intéressant pour nous ici. J’entends parler du côté social du cancer, de sa répartition dans le monde, suivant les pays, les climats, les races ou les religions ; des statistiques comparatives de mortalité suivant les pays ; des conditions qui peuvent favoriser son apparition ; des moyens de l’éviter ou de le traiter ; pour terminer, enfin, par un rapide aperçu de l’organisation scientifique et sociale de la lutte anticancéreuse dans les grands pays d’Europe et d’Amérique.

« L’exercice de la médecine — dit Rabelais — est un combat à trois personnages : le malade, la maladie et le médecin. »

Cet aphorisme d’un médecin du xvie siècle — car, ne l’oublions pas, Rabelais fut nommé docteur à Lyon et exerça la médecine à Metz — nous servira de fil conducteur au cours de cet exposé dans lequel nous aurons à envisager tour à tour : la maladie, c’est-à-dire le cancer ; le malade, c’est-à-dire le cancéreux ; le médecin, enfin, dans son rôle thérapeutique et prophylactique.

Nous n’en sommes plus, en effet, comme du temps des anciens, à nous croiser les bras devant la marche d’un mal inexorable.

« Il faut mieux ne pas traiter ceux qui ont des cancers occultes ; les malades meurent bientôt s’ils sont traités ; s’ils ne le sont pas, ils vivent plus longtemps », disait Hippocrate au ve siècle av. Jésus-Christ. Aveu d’impuissance que l’on retrouve, un peu plus tard, dans Galien : « Le cancer, dû à l’atrabile, est une tumeur épaisse qui se rit des médicaments plus ou moins doux qu’on pourrait appliquer. »

Ces idées nébuleuses, retrouvées aux origines les plus lointaines de la médecine, nous les voyons encore tout près de nous, ayant résisté au passage des temps, puisque l’un des grands chirurgiens français du siècle dernier, Verneuil, n’hésitait pas à dire que le cancer était une maladie aussi difficile à guérir qu’à définir !

Si, hélas ! on ne peut, aujourd’hui, s’ériger en faux contre cette affirmation, on est en droit, cependant, d’en atténuer la rigueur sans risque d’être jugé trop optimiste.


Le mot Cancer trouve son origine dans les racines latines et grecques. Il signifie écrevisse ou crabe.

L’une des tumeurs les plus fréquentes, en effet, le cancer du sein, avec ses arborisations lymphatiques sous-cutanées, a été comparée, par les pères de la médecine, à un crabe avec ses tentacules.

Nous voyons ainsi que la médecine antique, grecque et romaine, connaissait l’existence du cancer, son importance et sa gravité.